De son bref parcours stellaire, Lhasa de Sela nous a laissé trois admirables albums avant de s’envoler, bien trop tôt. Par son incandescence, sa présence magnétique et sa façon poignante de vivre les chansons qu’elle interprétait, Lhasa a touché le cœur de plusieurs et continue d’envoûter, encore aujourd’hui. Née aux États-Unis au sein d’une large famille d’artistes bohèmes, Lhasa a passé ses premières années beaucoup plus au Mexique où les rancheras et les chansons de Chavela Vargas, Violeta Parra et Victor Jara ont accompagné son enfance presque comme des membres de la famille.
Quand est paru son premier album La Llorona en 1997, album de la consécration qui rencontra un immense succès critique et commercial, Lhasa avait déjà une bonne expérience de la scène et un florilège de standards de jazz et de chansons mexicaines ou brésiliennes dans ses valises. Cette expérience, elle l’a glanée tout au long de sa jeunesse et de son adolescence au gré des pérégrinations familiales, improvisant des spectacles fortuits pour la maisonnée ou les amis, se produisant sur les petites scènes de cafés de San Francisco et ultimement de Montréal, où elle atterrit en 1991 pour rejoindre ses sœurs œuvrant dans le domaine du cirque.
C’est à cette époque qu’elle fait une rencontre qui se révélera déterminante pour la suite de son cheminement musical. « J’ai rencontré Lhasa en juillet 1991. Elle devait avoir environ 18 ans. À cette époque, je jouais avec Jean Leloup et ça l’impressionnait beaucoup. Puis moi, je la trouvais super drôle », témoigne le multi-instrumentiste, arrangeur et réalisateur Yves Desrosiers. « L’idée de faire de la musique ensemble n’est toutefois arrivée qu’un an et demi plus tard, alors que je l’ai revue par hasard assise à une terrasse de la rue Saint-Denis. On a discuté, elle ne savait pas trop si elle allait demeurer à Montréal ou non. Puis elle a dit quelque chose comme "I wanna sing". Je me suis retourné vers elle et lui ai dit "Ah bon, tu chantes ?". Je ne le savais pas. Donc, je lui ai proposé de faire un bout d’essai. Elle a chanté surtout des standards jazz mais j’étais toujours un peu perplexe. Puis à un moment donné, on est entré dans les chansons bossa nova brésiliennes comme Corcovado, One Note Samba... Là, j’entends quelque chose de différent. J’entends une espèce de... quelque chose... je ne sais pas, c’est venu me chercher », se remémore Desrosiers. « À un moment donné, je me suis dit que si on voulait présenter ça plus sérieusement, ça nous prenait plus que des cassettes enregistrées sur un 4-track dans une chambre. Alors on a été dans un studio des basses Laurentides et on a capté une douzaine de chansons, guitare et voix. Ça faisait déjà peut-être un an qu’on faisait des concerts ici et là et qu’on peaufinait un peu le répertoire. Ça, c’est ce qu’on retrouve sur First Recordings ».
Fruit d’un travail d’apprentissage et de présentation d’Yves Desrosiers et de Lhasa de Sela, First Recordings rassemble 12 chansons aux arrangements dépouillés, enregistrées en 1994. À cette époque, Lhasa interprétait des chansons traditionnelles de son enfance, apprenant à exprimer ses émotions et à découvrir sa propre voix, accompagnée par le jeu de guitare distinctif d'Yves Desrosiers. On y entend d’ailleurs les prémisses du son unique que Lhasa et Yves allaient perfectionner ensemble pour l’album La Llorona.
Disponible dès le 27 août, Fever est le deuxième extrait de First Recordings. L’album, qui paraîtra le 27 septembre, est disponible dès maintenant en précommande.
Un spectacle en hommage à Lhasa de Sela, La route chante, aura lieu au Théâtre Rialto dans le cadre de Pop Montréal les 29 [complet] et 30 [supplémentaire] septembre.